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Sous ce titre volontairement provocateur se cache en réalité une crainte. Celle de voir l’un des premiers réseaux sociaux historiques délaissé par ses utilisateurs. Depuis plusieurs mois, les nuages s’accumulent au-dessus de Twitter : démission de son PDG, Dick Costolo, en juin dernier qui avait pourtant fait bondir le chiffre d’affaires en un an, résultats trimestriels plutôt décevants pour les analystes et les actionnaires. En cause : des twittos moins actifs sur leur compte et une croissance molle du nombre d’abonnés. Le réseau n’arriverait donc plus à convaincre et à fidéliser de nouveaux utilisateurs. Les oiseaux de mauvais augure annonceraient presque la fin de Twitter – au moins en tant qu’entreprise indépendante. Y-a-t-il le feu au nid à San Francisco? Réponse en quelques #
Alors que les résultats sont meilleurs que les prévisions des analystes, Twitter, qui compte 316 millions d’utilisateurs actifs dans le monde n’a gagné que 2 millions d’utilisateurs supplémentaires par rapport au premier trimestre 2015. Une croissance considérée comme trop faible par les actionnaires et les milieux financiers car du nombre d’utilisateurs dépend la hausse ou la baisse des revenus publicitaires et donc la santé financière de Twitter.
Sur un plan comptable donc, les prochains mois seront cruciaux pour Twitter et il n’est pas impossible que Google fasse plus qu’intégrer les tweets dans ses résultats de recherche sur mobile, tablette et ordinateur de bureau comme cela a été annoncé tout récemment. Ainsi, il se murmure souvent que Twitter pourrait rejoindre le nouvel ensemble Alphabet (la holding regroupant désormais toutes les activités de Google)[1].
Au delà de ces considérations financières qui ont tout de même leur importance, Twitter n’étant pas une entreprise philanthropique, la faible croissance du nombre de ses utilisateurs signifie-t-elle que ce réseau a perdu de son intérêt ? Non, bien évidemment. Parmi les nombreux avantages de Twitter, citons-en trois en lien avec des actualités de ces derniers mois:
C’est l’une de ses premières qualités : Twitter reste incroyablement réactif. Lors de l’attaque avortée du Thalys au mois d’août 2015, Twitter a été le premier réseau utilisé pour obtenir des informations : des passagers tweetaient en direct la situation 1 heure avant que les médias ne publient les premières alertes[2]. Des journalistes ont ensuite très vite sollicité des twittos à bord du train pour les faire témoigner. Les services communication de Thalys ont pu également s’appuyer sur ce réseau pour diffuser les informations au fur et à mesure, signe que la maîtrise des canaux digitaux est désormais bien intégrée dans les process de gestion de crise.
Au-delà des situations sensibles, Twitter demeure un outil incontournable dans ce domaine pour les twittos, les organisations et, de plus en plus, pour les dirigeants. Ceux du CAC40 y prennent place petit à petit à l’instar de Stéphane Richard (Orange), Jean-Pascal Tricoire (Schneider Electric) et Gilles Schnepp (Legrand), tout trois sur le podium des plus actifs[3]. Jusque récemment, Martin Bouygues, patron du groupe du même nom, n’y était pas présent. Mais son décès annoncé par erreur par l’AFP en février dernier l’a convaincu d’ouvrir son compte en juin. L’objectif poursuivi par M. Bouygues et commun à tous les dirigeants (et utilisateurs) : préserver sa réputation et celle de son groupe en réagissant rapidement aux bad buzz qui peuvent survenir parfois de façon imprévue comme il a pu en faire l’amère expérience.
Si Twitter lance des initiatives intéressantes comme la #BlueRoom[4] à Paris, il permet aussi à chacun d’inventer de nouveaux modes d’utilisation : en France, des médias « 100% tweets » ont vu le jour comme Limportant ou plus récemment les Flash Tweets de la journaliste Emmanuelle Leneuf [5]. Ces initiatives capitalisent sur la richesse des contenus publiés chaque jour sur Twitter pour en faire une sélection à l’intention de leurs abonnés ou du grand public. Elles rappellent aussi au passage que Twitter est un outil puissant de veille et de recherche d’information.
Mais ces avantages seront-ils toujours suffisants ? Rien n’est moins sûr. Facebook vient d’annoncer le lancement de son service « Signal »[6] à destination des journalistes. Il permet de surveiller les dernières nouvelles et les informations qui suscitent l’intérêt du plus grand nombre…comme Twitter ! Enfin, Twitter n’évolue pas à la même vitesse que les autres réseaux sociaux tels que Facebook, Instagram ou encore Snapchat. Cela conviendra sans doute aux utilisateurs qui y sont actifs et qui se sont construits une communauté d’intérêts. Probablement beaucoup moins aux investisseurs. Tout en gardant sa simplicité d’usage, Twitter n’a pas d’autre choix que de chercher des relais de croissance (ce que le réseau s’emploie à faire depuis plusieurs mois) pour enfin définir un modèle économique pérenne et accroître son audience. Sous peine de ne plus gazouiller joyeusement.
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[1]http://www.usine-digitale.fr/article/twitter-bat-de-l-aile-pres-du-nid-google.N345889
[2] http://www.reputatiolab.com/2015/08/attentat-du-thalys-twitter-avait-les-informations-1-heure-avant-les-medias/
[3] http://www.strategies.fr/emploi-formation/management/1019207W/stephane-richard-dirigeant-le-plus-cite-sur-le-web-social.html
[4] http://www.lefigaro.fr/secteur/high-tech/2015/08/25/32001-20150825ARTFIG00002-twitter-ouvre-un-espace-pour-les-celebrites-a-paris.php
[5] http://m.france24.com/fr/20150731-le-succes-nouveaux-medias-100-tweets?utm_content=buffer9342a&utm_medium=social&utm_source=twitter.com&utm_campaign=buffer
[6] http://www.lesechos.fr/tech-medias/hightech/021336986961-avec-signal-facebook-veut-se-rendre-indispensable-pour-les-journalistes-1156905.php?h39CYoOG0cWqVii9.99#xtor=RSS-38